Le silence

Le silence est un baume qui guérit de la séparation d’avec le monde, d’avec les autres, d’avec soi : il restaure symboliquement l’unité perdue que la résurgence du bruit anéanti à moins d’avoir la force de faire le silence en soi en dépit des rumeurs avoisinantes. Il laisse à l’homme la possibilité de se laisser envahir par la solennité des lieux, porté par le frémissement de l’atmosphère.

« J’écoutais en moi un bruit presque oublié, comme si mon cœur, arrêté depuis longtemps, se remettait doucement à battre. » Camus. , Noces, Poche. P. 168.

Le silence met le monde en suspens, il maintient l’initiative de l’homme en le laissant respirer dans le calme d’un souffle que rien ne presse. Il est retrouvaille avec le sens, il restaure le sentiment de la présence au monde. Il ouvre à une autre dimension au sein du réel, il force à la métaphysique en soustrayant les choses au murmure qui les enveloppe d’ordinaire et libère ainsi leur puissance contenue.

Le silence partagé est une figure de la complicité, il prolonge l’immersion dans la sérénité de l’espace. Le langage réintroduit la séparation qu’il cherche à conjurer sans jamais y parvenir tout à fait.

Le recueillement butte contre une parole qui le dissipe par l’attention qu’elle provoque. Le dialogue est alors un arrachement au paysage, satisfaction donnée aux normes sociales et manière conventionnelle de se rassurer ou de sortir de son isolement émerveillé. L’émotion se perd  dans le mouvement où elle s’énonce.

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